Grand Finale s’annonce comme une apothéose. C’est plutôt une compilation, un abstract Shechtérien agrémenté. On y retrouve tous les éléments caractéristiques du chorégraphe israélien dont la fameuse gestuelle d’inspiration très rabbi-jacobienne. Le thème de la guerre et de la violence qui habite ses chorégraphies sans discontinuer depuis Political Mother en 2010 revêt cette fois le costume hyper-explicite du terrorisme. Il ne se passe pas un phrasé sans un corps que l’on traîne ou un cadavre que l’on ramasse. Au cas où aurions oublié l’état du monde à l’aube du XXIème siècle, Grand Finale fait une lourde piqûre de rappel.
On peut arguer qu’Hofesh Shechter ne se renouvelle pas beaucoup. Mais est-ce une nécessité ? Quand on voit ces corps convulser sur des basses saturées, cette boîte de nuit à ciel ouvert, ces danseurs surperformer l’exubérance physique on se dit qu’on pourrait bien mourir après avoir passé rien qu’une nuit à danser comme ça.
Passons les épaisses murailles noires comme des pierres tombales prêtes à imprimer. Laissons l’orchestre live se balader aux quatre coins du plateau flanqué de sa jungle burlesque et d’un méli-mélo de musiques du monde. Il reste d’extraordinaires moments d’une danse sauvage, tribale et sans compromis.
Hofesh Shechter, Grand Finale, création mondiale à La Villette avec le Théâtre de la Ville jusqu’au 24 juin 2017
Illustration © Araso